L'Oeil Curieux

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Tag - Fondation Cartier pour l art contemporain

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dimanche 14 juin 2015

Plaisir à Kolkata, déception Bd Raspail et belle rencontre avec Gilbert pour terminer

Ce fut un beau samedi.
Avec une première destination, la Fondation Henri Cartier Bresson, pour la visite du jour et la vague idée d'un billet qui pourrait suivre.
Après une pause repas en Thaïlande (Thaï Panthong), l'envie de dériver dans le 14e arrondissement pour rejoindre la Fondation Cartier et l'exposition Bruce Neuman.

Profiter d'un beau soleil de juin pour aller d'un Cartier à l'autre sans changer de quartier, telle fut l'odyssée de l'Oeil Curieux.

Impasse Lebouis, je débarquais à Kolkata, la Calcutta coloniale qui cherche à oublier son passé.
En écrivant ce billet et en sélectionnant les images de Patrick Faigenbaum, j'ai pensé au titre de l'excellent roman d'Arundhati Roy « Le dieu des petits riens ».

Le photographe nous offre son « Kolkata des petits riens », celui de la mousson qui fait luire, avec la complicité du soleil, la façade du New Market,
Le New Market (construction britannique) vu depuis la chambre 239 au deuxième étage de l’Oberoi Grand Hotel, pendant la mousson, Kolkata centre, juillet 2014 © Patrick Faigenbaum
Le New Market (construction britannique) vu depuis la chambre 239 au deuxième étage de l’Oberoi Grand Hotel, pendant la mousson,
Kolkata centre, juillet 2014 © Patrick Faigenbaum

« Kolkata des petits riens », de la vie qui bruit, toujours et encore, dans la rue, dans la moiteur de la nuit,
Angle de rues, la nuit, à Lake Market, Kolkata sud, 2014 © Patrick Faigenbaum
Angle de rues, la nuit, à Lake Market
Kolkata sud, 2014 © Patrick Faigenbaum

« Kolkata des petits riens », des pastèques qui exposent sans pudeur leur chair rougie,
Pastèques, dans le quartier de Rajabazar, Kolkata nord, juillet 2014 © Patrick Faigenbaum
Pastèques, dans le quartier de Rajabazar
Kolkata nord, juillet 2014 © Patrick Faigenbaum

« Kolkata des petits riens », du marché endormi, vidé de ses marchands,
À la fin du marché aux poissons de Gariahat, Kolkata sud, 2014 © Patrick Faigenbaum
À la fin du marché aux poissons de Gariahat
Kolkata sud, 2014 © Patrick Faigenbaum

« Kolkata des petits riens », des natures mortes ou les fruits rivalisent avec les étoffes pour exposer avec obstination leurs couleurs.
Arrangement de fruits, Dover Lane, Ballygunge, Kolkata sud, 2014, © Patrick Faigenbaum
Arrangement de fruits, Dover Lane, Ballygunge
Kolkata sud, 2014, © Patrick Faigenbaum

Marché, Kolkata, 2014, © Patrick Faigenbaum
Marché
Kolkata, 2014, © Patrick Faigenbaum

« Kolkata des petits riens » donc, avec les photographies sereines d'un artiste qui nous fait ressentir « sa » ville.

Changement total avec Bruce Neuman et une rencontre ratée avec un grand de l'art contemporain américain.
Je n'ai rien ressenti, rien éprouvé. Je n'écris donc rien sur cette visite.
Ce n’était sans doute ni le jour, ni l'heure.

Mais la traversée du Bd Raspail et une nouvelle visite à la Galerie Camera Obscura ont clos avec bonheur mon voyage dans le quatorzième.
Les images de Gilbert Garcin sont des petits bijoux de poésie.
Gilbert Garcin "La rupture, 2009."
Gilbert Garcin "La rupture", 2009

Gilbert Garcin " Le paon, 1997."
Gilbert Garcin " Le paon", 1997.

Gilbert Garcin "L'ambition raisonnable, 2007."
Gilbert Garcin "L'ambition raisonnable", 2007.

Pour mon bonheur, mais pour votre malheur, je suis passé le dernier jour de l'exposition...



samedi 28 septembre 2013

Mueck ? Mouais...

Des sculptures hyperréalistes sont le genre d'oeuvres qui plaisent au public.
Quand de surcroît, l'artiste joue sur les proportions en représentant le sujet humain, soit plus grand, soit plus petit que nature, il ajoute un effet « Gulliver » qui ravit ce même public.

Tout est donc réuni pour que l'exposition « Ron Mueck » soit un succès.
Et si je me fie à la fréquentation lors de ma visite, le succès devrait être au rendez-vous.

Mais pour ne rien vous cacher, je suis resté sur ma faim.
Un peu paradoxal face à un poulet de plus de 2 m de haut, non ?
Ron Mueck Still Life, 2009 Mixed media 215 x 89 x 50 cm / 84 5/8 x 35 x 19 5/8 in © Ron Mueck Courtesy Anthony d’Offay / Hauser & Wirth Photo: John Spiller
Ron Mueck Still Life, 2009
© Ron Mueck Courtesy Anthony d’Offay / Hauser & Wirth
Photo: John Spiller

Mais passée la réaction « waouh » face à la perfection de la fabrication, taches de vieillesse sur la peau, implantation des poils et des cheveux, rides, que reste-t-il ?
Passée la satisfaction de se sentir tantôt chez les lilliputiens, tantôt chez les Brobdingnagiens, que reste-t-il ?
Le sentiment d'avoir vu de formidables réalisations, fruits d'une maîtrise technique parfaite, c'est indéniable.
Mais est-ce suffisant pour une exposition ?

Le guide de l'exposition, lu comme à mon habitude à mon retour, propose des clés très intelligentes pour chaque œuvre.

Par exemple, l'homme qui bronze sur son matelas pneumatique, avec chaîne au cou et Ray Ban sur le nez, y devient pratiquement une figure christique.

Accroché sur un mur bleu, il oblige en effet le visiteur à lever les yeux pour le regarder.
Ron Mueck Drift, 2009 Mixed media 118 x 96 x 21 cm / 46 1/2 x 37 3/4 x 8 1/4 in © Ron Mueck Courtesy Anthony d’Offay / Hauser & Wirth Photo: John Spiller
Ron Mueck Drift, 2009
© Ron Mueck Courtesy Anthony d’Offay / Hauser & Wirth
Photo: John Spiller

Mouais...

Sans cette femme avec ses courses, j'aurais sans doute conclu ce billet en évoquant le musée Grévin, en mieux.
Ce qui est franchement incongru au milieu du concert de louanges des diverses critiques que j'ai lues sur cette exposition.
Mais j'avoue que le regard de l'enfant fixant le visage fatigué de sa mère ne m'a pas laissé indifférent.
Ron Mueck Woman with shopping, 2013 © Ron Mueck Courtesy Anthony d’Offay / Hauser & Wirth
Ron Mueck Woman with shopping, 2013
© Ron Mueck Courtesy Anthony d’Offay / Hauser & Wirth

Mouais... c'est peu.

La question du jour :
L'art qui représente de façon hyperréaliste la vie est-il encore de l'art ?
Je ramasse les copies lors de mon prochain billet (ce qui vous laisse bien plus que les traditionnelles 4 heures des examens!)


lundi 1 octobre 2012

Contemplation de la Naïveté

Comment devient-on artiste ?
L'art contemporain est-il uniquement dans les galeries d'art de New York, Paris ou Londres ?

Vous avez quatre heures pour traiter le sujet.
Je ramasse les copies à la fin de ce billet.

Non, ces quatre heures seront bien mieux utilisées à courir à la Fondation Cartier et à découvrir les œuvres et les histoires d'artistes du monde entier.

À la première question, la revigorante exposition « Histoires de voir - Show and Tell » n'apporte pas la réponse.
Mais autant de réponses que d'artistes, autant de réponses que d'histoires de vie, de tradition ethnique ou familiale et même pour certains artistes, aucune autre réponse qu'une aspiration, profondément ancrée dans l'homme, pour l'art.

Comment expliquer les tableaux de Hans Scherfig, ce Danois, qui peint une Afrique qui lui est restée inconnue toute sa vie ?
Son grand arbre est une paisible arche de Noé sur laquelle oiseaux, lézards, grenouilles ou lémuriens colonisent les branches dans une paisible cohabitation.

Hans Scherfig, Det store træ, 1963 © Hans Scherfig/billedkunst.dk
Hans Scherfig, Det store træ, 1963
© Hans Scherfig/billedkunst.dk

Et son rhinocéros, impavide dans sa savane, nous regarde d'un œil mi ennuyé, mi-curieux.

© Hans Scherfig
© Hans Scherfig

Avec Jangarh Singh Shyam, l'art nait de la relation de l'homme avec l'univers, par les transes des chamans de la tribu des Gond, du Madhya Pradesh, un état du centre de l'Inde.
La répétition de motifs géométriques simples, comme autant d'atomes de couleur, modèle des animaux fantastiques, vibrants d'énergie.

Jangarh Singh Shyam 1990, acrylic on paper 203x153 cm, collection Fondation Cartier.
Jangarh Singh Shyam 1990
collection Fondation Cartier.

La ressemblance avec les dessins des aborigènes d'Australie est troublante.



Chamanisme encore, relations magiques de l'homme et de l'univers, avec les masques colorés de l'artiste Huichol Gregorio Barrio.
De l'absorption du peyotl sacré naissent des jaguars aux motifs chamarrés et aux regards...hallucinés.

Gregorio Barrio, 2012 Perles sur bois © Gregorio Barrio Photo © Carlos Varillas
Gregorio Barrio, 2012 © Gregorio Barrio Photo © Carlos Varillas



Activité traditionnelle du peuple Cochiti, au Nouveau-Mexique, la poterie est revisitée par Virgil Ortiz.
Il modernise les sujets et le style tout en perpétuant l'utilisation des matériaux et des techniques ancestrales, apprises de sa mère et de sa grand-mère.
L'art comme une histoire répétée de génération en génération.

Virgil Ortiz, Master & 2 Tics, 2002. Collection of Cyndy and Bob Gallegos. Photo by Chad Tanner.
Virgil Ortiz, Master & 2 Tics, 2002.
Collection of Cyndy and Bob Gallegos.
Photo by Chad Tanner



Dans l'ennui de ses longues nuits de garde, Mamadou Cissé imagine des cités gigantesques, ou la rigueur géométrique s'éclaire des couleurs fluorescentes des feutres.
À l'instar de Marcel Storr, l'artiste édifie des villes verticales, denses, mais là où le cantonnier parisien utilisait une palette sombre, étouffante, l'agent de sécurité africain peint ses immeubles de couleurs vives, reflets de son optimisme.

Mamadou Cissé, sans titre, 2011 Encre et feutre sur papier Collection André Magnin, Paris © Mamadou Cissé / André Morin
Mamadou Cissé, sans titre, 2011
Collection André Magnin, Paris
© Mamadou Cissé / André Morin



Un rêve lui a révélé sa voie, avec le vaudou omniprésent en Haïti.
Jean Joseph Jean-Baptiste brode et emperle des drapeaux, singulières bannières utilisées pour les cérémonies de ce culte importé avec esclavage.

Jean Joseph Jean-Baptiste, Erzulie La Flambeau
Jean Joseph Jean-Baptiste, Erzulie La Flambeau



Ces six artistes et tous les autres, présentés dans le bel espace de la fondation Cartier, nous apportent la plus vivante des réponses à la seconde question du début de billet.

L'art contemporain n'est surtout pas dans les galeries.
Il est dans les villes et les campagnes.
Il palpite au plus profond des jungles comme au cœur des grandes cités.
Il nait de la glaise, du bois mort comme de la peinture et du tissu.
Il est partout ou les hommes et les femmes vivent et rêvent.

Allez voir et écouter son chant Boulevard Raspail !


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